Il était une fois le DPE, apparu timidement en 2006, et pas toujours pris au sérieux. Le diagnostic évolue, il va jouer un rôle primordial à l’avenir. La révolution DPE, en trois actes, pour bien comprendre le nouveau diagnostic et ses enjeux.
Le gouvernement a revu sa copie. Totalement relooké, le nouveau DPE débarque dès le 1er juillet 2021. On gomme certaines imperfections comme cette méthode sur factures qui ne satisfait décidément personne, et on enrichit encore le diagnostic pour une estimation des consommations toujours plus réaliste. De quoi faire taire les mauvaises langues qui voient dans le DPE un simple indicateur sans grande valeur.
Passons sur les évolutions techniques destinées à fiabiliser encore le diagnostic et permettre son opposabilité (au 1er juillet aussi). Finalement, le plus gros bouleversement ne réside peut-être pas dans la méthode, mais plutôt dans la vocation du diagnostic. À quoi va servir ce DPE tout neuf tout beau ? En 2006, le gouvernement l’avait envisagé comme une information destinée à sensibiliser chacun sur sa consommation énergétique. Quinze ans plus tard, face à l’urgence climatique, la vocation du DPE évolue, avec des implications autrement plus profondes.
DPE à la rescousse
À lui de dire aujourd’hui (depuis le 1er janvier 2021) si un logement en zone tendue (28 agglomérations en France) peut ou non augmenter son loyer. Mieux vaut s’y habituer, le gouvernement décline le DPE à toutes les sauces. Dès 2022, un logement classé F ou G devra effectuer un audit énergétique (en plus du DPE) lorsqu’il est mis en vente ou location.
Rebelote en 2023, les pires passoires énergétiques (environ 100 000 logements avec une consommation en énergie finale supérieure à 450 kWh/m².an) ne pourront plus être mises en location. Eh oui, un logement trop énergivore ne sera plus considéré comme décent. Et ce seuil de décence va progressivement être relevé, avec, en ligne de mire, l’interdiction pure et simple de louer un logement F ou G, au 1er janvier 2028.
La révolution énergétique est lancée. À coups d’interdictions et de primes de transition énergétique pour mieux faire passer la pilule. Priorité des priorités, les quelque 4,8 millions de logements, ces fameuses « passoires thermiques » en F et G, les logements classés D et E, l’essentiel du parc, viendront plus tard, vraisemblablement après 2030.
Chaises musicales
Le gouvernement revoit la méthode DPE, son rôle, mais aussi les classes énergétiques. Les curseurs bougent. De nouveaux seuils calculés en fonction de l’énergie primaire et des émissions de gaz à effet de serre (une autre nouveauté), conjugués à la nouvelle méthode DPE, vont modifier les étiquettes de nombreux biens immobiliers.
Autant prévenir, il y aura des gagnants et des perdants. Le gouvernement s’est livré à une simulation. Prenons la classe C : 40% des logements se verront reclassés tantôt en B, tantôt en D. Moins indolore, 800 000 logements (souvent chauffés au fuel) jusqu’à présent classés E, se verront dégradés en passoires énergétiques. Dans le jeu de chaises musicales, 800 000 autres logements, souvent chauffés à l’électricité, devraient à l’inverse sortir de la zone rouge et ainsi échapper aux mesures qui se profilent pour eux. Un répit de quelques années, puisqu’en fin de compte plus de neuf logement sur dix sont concernés, à terme, par la rénovation énergétique.
À suivre : Portrait robot du DPE version 2021.
Trois infos à retenir :
- Un nouveau DPE entre en vigueur à partir du 1er juillet 2021, encore plus précis et désormais opposable.
- Les logements F et G ne pourront plus être proposés à la location au 1er janvier 2028.
- Un logement peut gagner ou perdre une classe énergétique après le 1er juillet 2021, avec la nouvelle méthode DPE et les nouveaux seuils de classes énergétiques.