En avant la rénovation ! Isolons, isolons… Oui, mais n’oublions pas la qualité de l’air intérieur (QAI) au risque de faire plus de mal que de bien.
Car plus on isole, moins la maison respire, plus l’air intérieur se détériore. La Palice n’aurait pas dit mieux. Rénover peut donc être synonyme de dégradation de la QAI. Vous me direz qu’on a justement inventé des VMC pour éviter ça. Indispensables dans une maison sur-isolée. Sauf qu’en pratique, cette ventilation n’est pas toujours bien dimensionnée, pas forcément entretenue et au final, n’assure pas le renouvellement d’air voulu.
Bien sûr, quand on parle de pollution, on pense d’abord pot d’échappement et pollution extérieure. On oublie qu’à l’intérieur, l’air est souvent bien plus dégradé encore. Entre les émanations des produits ménagers, le doux parfum des bougies, le coquet mobilier acheté en kit, le doux fumet du fourneau et on en oublie. Pour se faire une petite idée, la très sérieuse Anses avait recensé, en 2015, une bonne trentaine de substances CMR (cancérogènes, mutagènes ou reprotoxiques) dans des produits d’ameublement et de décoration courants. Et dire que nous passons plus de 80% de notre temps entre quatre murs…
Au moins désormais, on en parle. On sait maintenant que les maux de tête de Madame ou que l’allergie du petit dernier peuvent aussi trouver une explication dans l’environnement intérieur. On commence même à parler du radon, ce gaz radioactif qui tue autant que l’automobile chaque année, et une réglementation émerge peu à peu avec les écoles et autres établissements publics sensibles, soumis à des surveillances périodiques en matière de QAI ou de radon.
Petit à petit, l’air intérieur s’installe au rang des préoccupations sanitaires, mais sans doute pas assez vite. Car l’accélération de la rénovation énergétique, laisse aussi entrevoir de sérieux dommages collatéraux si cette rénovation demeure monothématique avec pour seule ambition d’abaisser la consommation d’énergie. Et la qualité de l’air intérieur, n’est qu’un exemple parmi d’autres.