Avec une Première ministre désormais chargée de la planification écologique, on nous annonce un quinquennat encore plus vert. La rénovation est promise à une accélération, et par ricochet, on se dit que la qualité de l’air intérieur (QAI) pourrait bien en profiter aussi.
Plus on isole, moins l’air extérieur pénètre dans le bâtiment, plus on a de chances de dégrader la qualité de l’air intérieur. La Palice n’aurait pas dit mieux. Et voilà comment une rénovation, si vertueuse en apparence, peut faire plus de mal que de bien, entraînant à sa suite toute la ribambelle de pathologies dont on sait aujourd’hui la mauvaise qualité de l’air intérieur responsable.
La qualité de l’air intérieur a longtemps été oubliée. Ça bouge, un peu. Le nouveau DPE comporte une petite information sur le sujet, un décret devrait bientôt voir le jour pour renforcer la surveillance de la QAI au sein des établissements recevant du public (ERP), le futur audit énergétique obligatoire à la vente devra aussi veiller à ce que les recommandations de travaux ne viennent pas détériorer la qualité de l’air intérieur.
Oui, la QAI apparaît un peu moins comme un parent pauvre de la réglementation, mais elle est encore loin de recueillir toute l’attention qu’elle mérite. Quelque 40.000 décès prématurés chaque année à cause des particules fines, 100 milliards d’euros de coût sanitaire et socio-économique pour la pollution de l’air, dont 20 milliards rien que pour la QAI. A un moment ou un autre, les pouvoirs publics ne se contenteront plus d’information et de sensibilisation, comme pour la rénovation thermique.
Passée quasi inaperçue fin 2021, une proposition de loi se penchait sur le sujet. Le texte porté par les députés de la majorité risque bien de revenir sur le tapis une fois la nouvelle assemblée installée. Une proposition intéressera tout particulièrement les diagnostiqueurs, celle d’une expérimentation d’un audit de qualité de l’air intérieur en complément du DPE puisque la performance énergétique et la QAI peuvent difficilement être dissociées. Diagnostic ventilation, audit qualité de l’air intérieur, peu importe le nom qu’on lui donne, la proposition n’est pas nouvelle, plusieurs amendements en faisaient la promotion lors des discussions de la loi Climat et résilience. Recalés, mais ce n’est que partie remise, car plus on va parler de rénovation, plus la question de la qualité de l’air intérieur s’imposera.