Pollutions ancestrale, le plomb continue à faire parler de lui. Dernier exemple en date, un cas de saturnisme détecté en juin dans une école normande. Et comme souvent, c’est l’occasion de pointer du doigt les défaillances de la réglementation plomb
Les soupçons se portent sur une ancienne peinture au plomb. Dans cette école d’Argentan (Normandie), France 3 pointe du doigt des grilles et tuyaux, tous recouverts d’anciennes peintures au plomb. Rien ne dit avec certitude que ces éléments métalliques sont responsables de l’intoxication d’un élève, mais disons qu’il y a quand même une forte présomption.
Que l’on puisse trouver de la peinture au plomb dans une maternelle pourrait surprendre. Mais ce fait divers illustre à merveille les limites de l’actuelle réglementation. Certes, il existe bien le Crep (Constat de risque d’exposition au plomb), mais celui-ci reste cantonné à l’habitat. Exit les maternelles ou les crèches. On pourra y voir un sacré paradoxe alors que ce même Crep est demandé par les départements pour les assistantes maternelles accueillant des enfants en bas-âge à leur domicile.
Que l’on trouve des peintures au plomb dans une école sortie de terre dans les années 1950 apparaît d’autant plus singulier. Les peintures au plomb ne sont-elles pas censées avoir disparu après 1949 ? Au-delà, le Crep n’est d’ailleurs plus demandé. Faux, archi faux.
L’étude Plomb-Habitat du CSTB menée au début des années 2010 a montré que l’on utilisait encore beaucoup de peintures au plomb dans la seconde moitié du XXe siècle. En fait, il faut attendre le milieu des années 1970 pour que le plomb disparaisse vraiment des logements. Et encore, certaines peintures comme le minium resteront autorisées jusque dans les années 1990.
Finalement, que l’on trouve du plomb dans une école maternelle des années 1950 n’a donc rien d’étonnant. Alors pourquoi ne revoit-on pas la réglementation ? Le HCSP (Haut Conseil de santé publique) avait émis différentes recommandations en 2021 justement pour améliorer la prévention du saturnisme.
La proposition d’élargir le cadre spatiotemporel du Crep revient aussi régulièrement sur le tapis notamment sous forme de question parlementaire: aller au-delà de 1949 mais également au-delà des seuls logements ou parties communes, voire au-delà des peintures qui ne sont pas les seules sources d’intoxication puisque le plomb a été glissé à toutes les sauces dans la construction.