Dans la lutte contre le dérèglement climatique, on pense forcément DPE dans le panier du diagnostiqueur. Le Diagnostic de performance énergétique n’est pas la seule réponse cependant. Souvent oublié, l’état des risques pourrait prendre une place plus importante dans l’avenir.
Franklin, Eunice, les deux dernières tempêtes laissent dans leur sillage des dégâts colossaux. Comme Alex en 2020, et malheureusement, comme celles qui surgiront dans l’avenir. Le réchauffement laisse-t-il craindre davantage de sinistres au cours des prochaines années ? Pas forcément. Selon une récente étude de Covéa, rien ne laisse présager d’une augmentation de leur fréquence ou de leur intensité, sur le territoire métropolitain.
Ouf ! Car cette même enquête –comme d’autres avant elle- montre une singulière inflation de la sinistralité liée aux autres risques naturels. La preuve par les chiffres : + 130% de la sinistralité annuelle moyenne ruissellement à horizon 2050, des précipitations aujourd’hui décennales qui se produiront tous les 4,5 ans, +60% pour la sinistralité liée aux sécheresses, +40% de fréquence pour les violents orages de grêle… Et on en passe.
Sans verser dans le catastrophisme, cette inflation de calamités naturelles a de quoi inquiéter. Les pouvoirs publics ou les assureurs se saisissent déjà du problème comme en témoigne la multiplication des livres blancs, rapports et autres études. En guise de réponse à cette l’inexorable augmentation de la sinistralité, les experts appellent souvent à muscler la prévention.
L’état des risques dès la mise en vente du bien
Bien sûr, depuis près de 20 ans, on compte le fameux état des risques, incontournable à la vente comme à la location, et censé informer l’acquéreur-locataire sur la proximité de risques naturels, miniers, sismiques ou technologiques. Le document sans cesse enrichi, intégrera aussi, dès 2023, le recul du trait côtier pour les littoraux. Et puisque la loi Climat et résilience a voulu en faire une information qui pèse réellement dans la décision d’achat, l’état des risques devra être mentionné dès la petite annonce immobilière en vitrine d’agence, dans la presse comme sur internet. Autrement dit, comme pour le DPE, il faudra réaliser l’état des risques dès la mise en vente du bien.
Mais il est très vraisemblable que le législateur ne s’arrêtera pas là et que l’état des risques prenne encore plus de poids dans les années à venir. Au point de se transformer en réel diagnostic plutôt qu’une simple information ? L’idée n’a rien de farfelu, des parlementaires ont déjà plaidé par le passé en faveur d’un « diagnostic CatNat » pour faire face au dérèglement climatique.
Face à l’inexorable montée de la sinistralité, il y a fort à parier que la proposition reviendra sur le tapis un jour ou l’autre. Avec, pourquoi pas, des propositions (des prescriptions ?) de travaux comme pour le DPE. Après tout, puisqu’on doit rénover la quasi-totalité du parc hexagonal, autant prendre en compte les risques naturels, plutôt que de rester dans une monothématique énergétique.