Et le DPE se retrouve à nouveau dans la tourmente. Malgré les corrections apportées par les pouvoirs publics à l’automne, la flambée d’étiquettes F et G continue d’inquiéter.
Oui, le DPE va mieux. Ce n’est pas encore la grande forme, des bugs demeurent sans doute dans la méthode de calcul, mais il se porte de mieux en mieux. Après six mois de service, des dizaines et dizaines de correctifs, et plusieurs centaines de milliers de diagnostics réalisés, la machine commence à être rodée. Mais comme il fallait s’en douter, les modifications apportées en catastrophe à l’automne n’ont pas enrayé l’inflation des étiquettes F et G.
Le ministère escomptait un peu moins de 5 millions de passoires énergétiques, au final on devrait en avoir 7 ou 8. Et peut-être un peu plus encore. Trop de passoires énergétiques, les objectifs de rénovation prévus par la loi Climat et résilience pour 2025 (pour l’étiquette G) ou 2028 (étiquette F) risquent d’être difficiles à tenir. Les délais apparaissent trop courts, les aides actuelles et l’accompagnement, insuffisants. Beaucoup plus de logements à rénover, cela signifie aussi beaucoup plus de logements susceptibles de sortir du parc locatif dans les prochaines années, avec le risque de déstabiliser le marché immobilier.
Le DPE n’y est pour rien. Le ministère s’est trompé, le diagnostic a mal été calibré. De surcroît, les pouvoirs publics n’ont pas pris le temps de le tester correctement avant de le placer sur orbite en juillet. Le DPE n’est pas responsable, mais il risque d’essuyer les plâtres et de voir sa fiabilité remise en cause.
En soi, le DPE n’est pas menacé. L’outil a été adopté par le grand public, et on voit mal comment un logement pourrait aujourd’hui être vendu ou loué sans cette précieuse information. Le DPE ne peut pas disparaître, mais son image risque d’être (encore) sérieusement écornée.
Eternel procès. Quinze ans que le diagnostic existe, quinze ans qu’il est régulièrement égratigné par la presse consommateurs. Jusqu’à présent, la critique pouvait piquer, mais elle restait sans conséquence, puisque ce diagnostic n’avait qu’une vocation de sensibilisation, et d’information. La loi Climat et résilience est passée par là, le DPE est devenu le pivot de la rénovation énergétique. Que la réputation du DPE soit entachée, sa fiabilité remise en cause, et c’est tout le dispositif de rénovation voté dans la loi Climat et résilience qui sera mis à mal.