Rien ne va plus, c’est la faute du DPE. Le diagnostic qui baignait souvent dans l’indifférence il y a encore un an, se trouve désormais dans l’œil du cyclone…
Il ne se passe plus une journée sans que la presse grand public n’en parle. Les prix des passoires thermiques s’effondrent (1) ? La faute au DPE et à son étiquette énergétique. Les travaux de rénovation se trouvent dévalués, inutiles, ou les deux à la fois (2) ? Encore un mauvais coup du DPE. On se dirige tout droit vers une crise du logement ? Devinez à qui la faute… Le diagnostic n’est pas encore responsable de la flambée des prix à la pompe, mais il est déjà devenu un bouc émissaire fort commode.
Vous me direz, comme diagnostiqueurs, nous sommes rodés à ce DPE bashing. Imaginez, quinze ans que le Diagnostic de performance énergétique existe, quinze ans que notre profession est sans cesse égratignée, que la fiabilité est contestée. Soyons honnêtes, cette mauvaise étiquette qui a longtemps collé à la peau du DPE n’était pas toujours volée ; entre une méthode sur factures très contestable et des opérateurs qui, dans les premiers temps, n’accordaient pas forcément à la prestation tout le sérieux, qu’elle mérite.
Le DPE est sans doute plus fiable aujourd’hui qu’il ne l’a jamais été par le passé
Ce temps est révolu. Aujourd’hui, le diagnostic est sans doute plus fiable qu’il ne l’a jamais été par le passé. Et même si des bugs ont terni le lancement du nouveau DPE, des efforts continus ont depuis permis de fiabiliser le diagnostic : entre la version mise sur orbite en juillet 2021, et celle utilisée aujourd’hui, on compte déjà des dizaines et dizaines de mises à jour. L’outil n’est pas parfait (ça existe un outil parfait ?) mais il s’améliore.
Alors puisque cet outil n’est pas aussi désastreux qu’on nous le dit parfois, qu’est-ce qui peut donc bien clocher avec ce DPE ? Justement, certaines vérités sont parfois difficiles à entendre. L’outil fiabilisé comme jamais, débarrassé enfin de cette fichue méthode sur factures, est devenu un indicateur fiable qui renseigne sur les performances intrinsèques des biens immobiliers. Et depuis la réforme, les résultats ne sont pas bons, mais alors pas bons du tout, avec bien plus de logements énergivores que prévu. Sept à huit millions quand le gouvernement en prédisait 4,8 millions.
C’est embarrassant, ça ne fait pas les affaires de tout le monde, on comprend, mais le DPE n’y est pour rien. Si un médecin s’aperçoit qu’il a bien plus de malades fiévreux qu’il ne le pensait, est-ce pour autant qu’il doit jeter le thermomètre ? Non, bien sûr que non, il va soigner tout le monde. Alors félicitons nous de disposer, enfin, d’un outil qui donne une image fidèle de notre parc immobilier.
(1) Le Parisien : https://www.leparisien.fr/immobilier/immobilier-le-nouveau-dpe-plombe-les-prix-des-passoires-thermiques-sauf-a-paris-02-05-2022-WORLMOMYBVB2XEO5WQMBMTETPQ.php
(2) Que Choisir, avril 2022 : https://kiosque.quechoisir.org/magazine-mensuel-quechoisir-612-avril-2022/ https://www.quechoisir.org/actualite-nouveau-dpe-des-travaux-de-renovation-inutiles-n99896/
(3) Selon une étude de la plateforme ImmoPop : https://www.immo-pop.com/blog/legislation/renovation-energetique-etude-sur-les-consequences-du-nouveau-dpe