Plombiers, chauffagistes, électriciens ou couvreurs. Combien d’artisans vous ont déjà demandé un diagnostic amiante avant d’intervenir chez vous ? Et combien étaient formés au risque amiante ? Une récente enquête de la Dreets des Pays-de-la Loire montre combien la réglementation amiante est négligée.
Les chiffres se passent de commentaires. Sur la centaine d’entreprises contrôlées en 2021 dans les Pays-de-la Loire, la grande majorité avait négligé le risque amiante. 85% des salariés n’étaient pas formés au risque amiante ; 80% des entreprises ne disposaient pas de moyens de protection alors que la moitié d’entre elles avait conscience d’être exposée au cours de son activité. Cent entreprises, l’échantillon est maigre, il n’a pas valeur de statistique, mais ce serait une erreur de penser que la situation est meilleure ailleurs.
Dans son enquête, la Dreets s’était intéressée uniquement aux plombiers, chauffagistes et électriciens, mais on pourrait aussi compléter la liste avec les carreleurs, les plaquistes, les couvreurs, les maçons… En fait, une bonne part des artisans du bâtiment sont concernés. Pour changer une chaudière, remplacer des fenêtres, isoler par l’extérieur, la majorité des petits chantiers en France négligent encore la réglementation amiante oubliant qu’un repérage avant-travaux doit être effectué dès que le bien a été construit avant 1997.
Rénovation et risque amiante
Alors que le Président de la république souhaite encore accélérer la rénovation énergétique qui s’impose un peu plus avec la flambée des coûts des énergies, de telles carences peuvent inquiéter. Un exemple pour illustrer, les chaudières au fuel espèce en voie de disparition.
Trop polluant, le fuel est désormais non grata. Depuis le 1er juillet, interdiction formelle d’installer une chaudière au fuel ; on peut encore faire réparer sa chaudière, mais si celle-ci est en fin de vie, il faudra opter pour une autre énergie. Autant dire que les quelque 3 millions de foyers qui se chauffent au fuel devront changer d’équipement dans les années à venir.
Ça fait beaucoup de petits chantiers en perspective pour les chauffagistes, mais cela interroge aussi. Car dans les vieilles chaudières d’avant 1997, il n’est pas rare que le fabricant ait glissé de l’amiante. En théorie, il faudrait prévoir un repérage avant-travaux et prendre les précautions nécessaires en cas de présence d’amiante. On sait aujourd’hui que c’est loin d’être fait. Ni le propriétaire, souvent profane, ni les artisans, mal informés et souvent non formés, ne pensent au risque amiante.