Suite et fin de notre feuilleton sur la révolution DPE. Provisoirement. Car on n’a pas fini d’en (re)parler. Érigé en levier de rénovation énergétique, par les pouvoirs publics, le DPE devient aussi le mètre-étalon de la valeur verte, une notion qui va s’imposer bientôt aux propriétaires, comme aux acheteurs et aux locataires.
En matière de DPE, il y aura sans doute un avant et un après 2021. Avant, le diagnostic était réduit à la seule classe énergétique. Que l’étiquette soit vierge comme cela arrivait (trop) souvent, ce n’est pas ça qui freinait l’acheteur ou le locataire. Faut bien l’avouer, le DPE passait pour secondaire. Ce sera bientôt du passé. Avec la réforme promise pour le 1er juillet 2021 et la batterie de mesures annoncées par le Gouvernement (notre précédent article), l’impact ne sera plus du tout le même.
Décote et plus-value
Car le nouveau DPE promet d’être déterminant dans la valeur patrimoniale d’un bien. Simple logique. Avec le spectre d’une interdiction à la location pour les logements F dès 2028 (voire dès 2025 pour les logements classés G), comment va réagir le marché ? Pas besoin d’être grand devin, pour entrevoir une (sérieuse ?) décote de ces passoires énergétiques qui représentent tout de même un logement sur six.
À l’inverse, on peut imaginer que les logements vertueux bénéficieront d’une plus-value : qu’un appartement ou une maison soit classé A, B ou C, au-delà des économies d’énergie réalisées, c’est aussi l’assurance de ne pas avoir de travaux de rénovation énergétique à réaliser, au moins quelques années.
Vous me direz, rien de bien neuf. Après tout, voilà déjà quelques années que les Notaires de France observent l’émergence de cette fameuse « valeur verte ». Plusieurs de leurs études sur le sujet ont montré un impact, même si celui-ci restait fort mesuré, voire quasiment nul dans les zones tendues. Le nouveau DPE et les mesures gouvernementales qui y sont déjà adossées pour les années à venir (dès 2022, on le rappelle), rebattent sérieusement les cartes.
DPE à deux visages
Oui, le pouvoir du DPE est désormais énorme. Mais résumer le diagnostic à sa seule étiquette serait injuste. Finalement, on pourrait se dire que le DPE version 2021 est à l’image des pouvoirs publics qui, d’une main, multiplient les interdictions à l’encontre des passoires énergétiques et, de l’autre, accordent des aides toujours plus généreuses, au travers de MaPrimeRénov’ par exemple.
Le nouveau rapport illustre assez bien cette dualité. Derrière la première page et le classement énergétique, une foule d’informations et d’indicateurs précieux pour le propriétaire. La plupart figure déjà dans l’actuel DPE, mais le propriétaire n’y avait pas forcément prêté grande attention.
Avec une méthode de calcul uniformisée pour tous les logements, qui se base uniquement sur les performances intrinsèques du bien et délaisse les habitudes des occupants, le DPE newlook identifie les forces et faiblesses du bâtiment. Un exemple parmi d’autres, le petit schéma des déperditions de chaleur qui en un simple coup d’œil, permet à quiconque de savoir les travaux d’isolation à privilégier pour améliorer le confort thermique.
Le DPE nouvelle formule distingue aussi les travaux essentiels des travaux à envisager avec une estimation de leurs coûts et du gain de performance énergétique. Remplacer une chaudière, améliorer l’isolation des combles ou des murs, autant de travaux qui peuvent rapidement faire sauter une classe énergétique. La vocation du DPE est donc double : identifier les passoires énergétiques, mais aussi aider les propriétaires à valoriser leur bien.
L’audit complément du DPE
Bien sûr, le DPE ne dira jamais tout. Même avec des recommandations un peu plus poussées qu’auparavant, il reste d’abord une étude thermique. Pour accompagner au mieux les propriétaires, le Législateur a donc prévu d’y adjoindre un audit énergétique pour les logements classés F et G, dès le 1er janvier 2022. À la location comme à la vente.
Tout n’est pas encore écrit à propos de cet audit -un décret est attendu dans les prochains mois-, mais celui-ci devrait logiquement s’appuyer sur le DPE réalisé. Sa vocation ? Aller plus loin dans le conseil.
Avec des projections de travaux précises, leurs coûts, des estimations de gains énergétiques, mais aussi les aides auxquelles le propriétaire pourra prétendre, cet audit complémentaire du DPE -il pourra d’ailleurs être effectué par la même personne- doit fournir en quelque sorte une feuille de route pour rénover son bien, abaisser sa facture énergétique, comme aussi accroître la valeur patrimoniale.
Trois informations à retenir :
- Le nouveau DPE accroît le poids de la valeur verte sur le marché de la location ou de la vente.
- Le nouveau DPE permet d’identifier les forces et faiblesses du logement, ainsi que les pistes de rénovation énergétique.
- Davantage de conseil et d’accompagnement grâce à l’audit énergétique obligatoire dès le 1er janvier 2022 pour les logements classés F et G.