Comme si le diagnostiqueur n’en avait pas assez aujourd’hui avec le DPE. Une discrète note du ministère de la Santé vient semer la zizanie dans les repérages amiante avant-vente/DTA.
Dis, c’est quoi un enduit projeté ? Jusqu’à présent, l’opérateur en restait à l’apparence visuelle. Aspect granuleux ? A repérer dans le cadre de la liste B (DTA et avant-vente). Enduit lisse ? On laisse ça aux avant-travaux et avant-démolitions. Enfantin, non ? Mais en matière d’amiante, on n’aime décidément pas quand c’est simple : une note du ministère de la Santé tombée comme un cheveu sur la soupe, définit désormais un enduit projeté.
L’opérateur ne peut plus se fier à la seule apparence du mur ou du plafond. Il doit désormais se poser cette question existentielle : comment l’enduit a-t-il été mis en œuvre ? Est-ce que j’ai un enduit projeté qui a été lissé en finition ? Ou un simple enduit lisse apposé à la main ? Dit autrement, ce n’est pas parce qu’on a un enduit lisse face à soi (ou au-dessus de soi), qu’il n’a pas été projeté… Gare au mal de crâne.
On pourrait en sourire, mais l’enjeu n’est pas tout à fait le même. « Un enduit projeté puis lissé en finition entre dans la définition de l’enduit projeté et fait partie de l’activité de repérage des matériaux et produits de la liste B, réalisée par l’opérateur », explique le ministère. En clair, les enduits lisses très souvent (pour ne pas dire tout le temps) laissés de côté dans le cadre d’une vente ou d’un DTA devront aussi être prélevés.
Souvent ? C’est à craindre. Car le ministère, dans sa brève note, le reconnaît, « il est difficile de différencier a posteriori un enduit projeté d’un enduit appliqué manuellement, lorsque les deux types d’enduit ont été lissés en finition ». Moralité, si l’opérateur applique la consigne à la lettre, il devra prélever au moindre doute. Peu importe que cet enduit soit recouvert d’une peinture, d’un papier peint ou d’une moquette, le ministère considère qu’il entre dans le cadre des prélèvements « sans travaux destructifs ».
On dira que c’est pour la bonne cause, que la prévention du risque amiante va y gagner. Soyons honnêtes, les enduits amiantés dans le logement restent une singularité, et cette « clarification » du ministère risque surtout de se solder par de coûteuses analyses qui reviendront négatives –hormis de très rares exceptions. Il en va ainsi de la réglementation amiante qui s’attache parfois au détail, et délaisse l’essentiel : on rappellera juste que le diagnostic amiante à la location pourtant annoncé par la loi Alur de 2014 attend toujours son décret d’application. La prévention amiante y aurait sans doute bien plus à y gagner pourtant…