L’amiante reste très présent dans nos bâtiments, bien plus que leurs propriétaires ne se l’imaginent souvent. Nous on le sait, parce que nous en diagnostiquons au quotidien. Mais avec les chiffres du ministère de la Santé, c’est encore plus parlant.
On en a mis partout. Partout, et en grosse quantité. Des millions et des millions de tonnes d’amiante ont été glissées dans le bâtiment durant plusieurs décennies. D’accord, mais ça c’était au siècle dernier. Depuis, l’amiante a été interdit (1997, on le rappelle), et chaque année, on recense environ 25.000 chantiers de désamiantage. Dans l’imaginaire collectif, il y a parfois le sentiment que cet amiante est un vieux dossier poussiéreux qui n’est plus vraiment d’actualité.
Faux, archi-faux. En vérité, on est bien loin d’en avoir fini avec ce fichu amiante. Chaque jour, nous continuons à repérer des produits et matériaux amiantés en tous genres. Et ceux-ci sont bien plus présents qu’on ne le croit à en croire un récent rapport du ministère de la Santé. Depuis 2022 (mieux vaut tard que jamais), le ministère a placé sur orbite un nouveau système d’information Amiante (SI-Amiante) chargé de compiler les rapports d’activité des diagnostiqueurs. Même si le système est encore en rodage et si beaucoup de rapports manquent à l’appel, cela donne une petite idée de l’omniprésence de l’amiante dans le parc hexagonal.
Dans quel état se trouve l’amiante ?
Un exemple pour illustrer. Sur 277.000 repérages listes A et B (DTA et constat vente) réalisés en 2022, 42% se sont révélés positifs. Aucun type de bâtiment n’est épargné : maison individuelle, habitat collectif, bureaux, établissements de santé, écoles… On en a décidément mis partout.
Qu’il y ait de l’amiante ne signifie pas pour autant qu’il faut évacuer le bâtiment et que ses occupants courent un risque immédiat. Heureusement. On le rappelle, l’amiante n’est pas dangereux tant qu’il reste en bon état et tant qu’on n’y touche pas. Tant qu’il ne se met pas à dégager ses fibres hautement toxiques. Justement, la mission du diagnostiqueur ne se borne pas à repérer seulement les matériaux et produits amiante, elle vise aussi à évaluer leur état de conservation.
Dans quel état se trouve aujourd’hui tout cet amiante en sommeil dans le bâtiment ? Le rapport du ministère de la Santé renseigne aussi à ce sujet : par exemple, plus de 4% des matériaux et produits liste B repérés se sont révélés dans un état plus ou moins dégradé, nécessitant une recommandation d’action corrective de niveau 1 ou de niveau 2. Comme quoi, plus de 25 ans après son interdiction, on est encore loin d’en avoir fini avec cet amiante.