Rénover, rénover, oui mais pour que cette rénovation soit réellement vertueuse, il va falloir se préoccuper des déchets de chantiers. Sur le papier, le dispositif est prêt, mais il peine vraiment à décoller.
La Palice n’aurait pas dit mieux : plus on va rénover, plus on produira de déchets. Un peu ? Beaucoup, même. À l’heure actuelle, on estime que le bâtiment produit chaque année 46 millions de tonnes de déchets (souvent inertes). Grosso modo, une bonne moitié pour la démolition, un gros tiers pour la rénovation, la portion congrue pour la construction neuve. Ça donne une petite idée. Que la rénovation accélère dans les prochaines années, et c’est aussitôt quelques millions de tonnes en plus.
Rénover c’est bon pour la planète, mais finalement on va générer des déchets supplémentaires. Paradoxal non ? On se rassure, le législateur a pensé à tout (ou presque). En théorie, des outils existent déjà. Depuis 2012, il existe déjà un diagnostic déchets mais uniquement pour certains bâtiments (plus de 1.000 m² de surface ou accueillant une activité polluante) et uniquement pour les démolitions. Disons-le, la réglementation n’a pas toujours été bien respectée depuis 10 ans (doux euphémisme).
Diagnostic PEMD, décollage 2023
En 2023, on enclenche la vitesse supérieure. On parle désormais de diagnostic PEMD (Produits, équipements, matériaux et déchets). Nouvel acronyme, nouvelle ambition. Ce diagnostic doit permettre de trier et de valoriser un maximum des matériaux, produits et équipements sur les chantiers. Petite nouveauté par rapport à son prédécesseur, ce diagnostic devient aussi obligatoire pour les « réhabilitations significatives ».
Petit retard à l’allumage, ce diagnostic, censé être mis sur orbite début 2022, attend toujours quelques précisions. Patience, question de semaines. Aussi vertueux soit-il, ce diagnostic ne résoudra pas tout : seuls les bâtiments de 1.000 m² ou ayant hébergé une activité polluante sont concernées. Pour les autres chantiers, ceux menés chez le particulier notamment, les pouvoirs publics comptent sur la REP (Responsabilité élargie des producteurs).
Le principe est bien rodé, il fonctionne depuis les années 1990 avec les emballages ménagers : aux producteurs de matériaux et produits du bâtiment de verser une éco-contribution auprès d’éco-organismes qui se chargent d’organiser la filière de collecte, de tri et de valorisation. Là encore, la REP bâtiment avait été annoncé pour 2022, mais vu le volume et la diversité des produits et matériaux rencontrés dans le bâtiment, elle a été reportée, et n’entrera en service qu’en mai.