« Rénovons, rénovons, mais l’amiante dans tout ça ? Si on veut une rénovation vraiment vertueuse, il est urgent d’améliorer les financements pour les repérages ou le traitement de l’amiante. Et pourquoi pas créer un MaPrimeRénov’ Amiante ?
Rénovons, rénovons, mais surtout ne cherchons pas l’amiante. Chut, faisons comme s’il n’y en avait pas, c’est bien plus simple. Sans un sérieux coup de pouce financier de l’Etat, la rénovation massive risque pourtant de démultiplier les expositions à l’amiante.
Petite colle : combien de particuliers appellent leur diagnostiqueur préféré pour réclamer un repérage avant-travaux avant de lancer une rénovation ? Pas beaucoup, pas suffisamment. Le diagnostic a beau être exigé par la réglementation, il passe encore à la trappe chez le particulier.
Forcément, repérer l’amiante à un coût. Et désamianter ou solliciter un artisan formé au risque amiante (SS4) aura aussi un surcoût. Quoi, encore mettre la main à la poche ? Le particulier ne le souhaite pas, on s’en doute, et l’artisan qui n’a pas envie de voir filer un marché, n’a pas intérêt à trop insister sur le sujet. Bref, ne parlons pas d’amiante, c’est plus simple, puisque le financement du désamiantage se révèle un vrai casse-tête pour le particulier.
Oh oui, bien sûr des aides existent. A chaque fois que la question lui a été posée au cours des dernières années, le gouvernement a renvoyé sur l’aide Habiter mieux de l’Anah (Agence nationale de l’habitat) devenue « MaPrimeRénov’ Sérénité » depuis le 1er janvier 2022. Oui, ça existe, mais en pratique, les conditions d’octroi sont bien loin de permettre à tout le monde d’en bénéficier.
Alors à quand une « MaPrimeRénov’ Amiante » ? Comme pour un poêle à pellets ou une pompe à chaleur, sans condition de ressources, le propriétaire, bailleur ou occupant, pourrait bénéficier d’aides (généreuses ?) pour réaliser un avant-travaux ou déposer des matériaux amiante. Ah, forcément, s’il y a un coup de pouce financier, je veux bien faire un diagnostic et même retirer l’amiante chez moi. Une rénovation qui élimine aussi les polluants dans le bâtiment, cela paraît séduisant… Et puis si au passage, on peut éviter d’exposer des populations ou des travailleurs, c’est mieux non ?
Pour le moment, MaPrimeRénov’ Amiante, ce n’est pas encore d’actualité. Mais, il y a de l’espoir. La commission européenne doit se pencher cette année sur la révision de la directive pour la protection des travailleurs face à l’amiante. Et dans les travaux préparatoires, on a justement vu passer quelques propositions intéressantes : coupler un avant-travaux systématique avec une rénovation énergétique, associer l’amiante aux politiques pour l’efficacité énergétique, aider financièrement les propriétaires à se débarrasser de l’amiante, et on en passe… Ça ne s’appellera peut-être pas « MaPrimeRénov’ Amiante », mais l’amiante finira bien par être pris en compte dans la rénovation. On l’espère.